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LE COCHE ET LA MOUCHE

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Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,

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Et de tous les côtés au soleil exposé,

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Six forts chevaux tiraient un Coche.

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Femmes, Moine, Vieillards, tout était descendu.

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L'attelage suait, soufflait, était rendu.(2)

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Une Mouche survient, et des Chevaux s'approche ;

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Prétend les animer par son bourdonnement ;

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Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment

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Qu'elle fait aller la machine,

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S'assied sur le timon, sur le nez du Cocher ;

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Aussitôt que le char chemine,

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Et qu'elle voit les gens marcher,

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Elle s'en attribue uniquement la gloire ;

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Va, vient, fait l'empressée ; il semble que ce soit

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Un Sergent de bataille allant en chaque endroit

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Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.

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La Mouche en ce commun besoin

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Se plaint qu'elle agit seule, et qu'elle a tout le soin ;

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Qu'aucun n'aide aux Chevaux à se tirer d'affaire.

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Le Moine disait son Bréviaire ;

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Il prenait bien son temps ! une femme chantait ;

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C'était bien de chansons qu'alors il s'agissait !

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Dame Mouche s'en va chanter à leurs oreilles,

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Et fait cent sottises pareilles.

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Après bien du travail le Coche arrive au haut.

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Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt :

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J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.

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Ca, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine.

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Ainsi certaines gens, faisant les empressés,

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S'introduisent dans les affaires :

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Ils font partout les nécessaires,

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Et, partout importuns, devraient être chassés.